Une veillée de Noël simple (sans répétition)
Abbé Jean Compazieu | 16 décembre 2008Voici une veillée mise en oeuvre dans les paroisses de Montréjeau (31) pour ce Noël 2008. Elle a le grand avantage de ne pas demander de répétition avec les enfants mais peut-être mise en oeuvre avec ceux qui arrivent pour la veillée et qui acceptent de construire la crèche en apportant les santons durant la veillée.
5 lecteurs :
Un conteur principal
L’Âne CABOCHE
Monsieur le Boeuf
L’ange
Les bergers
CHANT : « Douce Nuit »
Lecteur : C’est l’histoire des santons. Tout au long de l’année, ils ont dormi, bien sagement, dans la grande armoire qui a déjà vu passer de nombreux hivers. Mais voilà que cette nuit, les portes de la grande armoire se sont ouvertes. Cette nuit n’est pas comme les autres nuits. Les étoiles scintillent dans le ciel. Elles scintillent dans nos yeux d’enfants, elles illuminent notre cœur d’une joie indicible, la joie mélancolique d’un temps lointain.
– « Lointain ! lointain ! » cria monsieur le bœuf de sa grosse voix. « Comment ça, lointain ? C’est cette nuit que ça se passe. Oui, Monsieur, cette nuit, c’est aujourd’hui. Noël, c’est aujourd’hui. Je le sais fort bien, j’y étais. J’ai tout vu. »
– L : Oh bien le pardon monsieur le Bœuf ; je ne voulais pas vous offenser. Je vais reprendre donc.
Il faisait nuit ; non pas une nuit qui vous fait peur, non, une nuit pleine de douceur dans l’air. Et puis n’oublions pas les étoiles, si brillantes, si scintillantes. – Monsieur le bœuf, c’est bien cela ?
– « Parfaitement ! Continuez. »
Les portes de la grande armoire, c’est madame Ernestine qui les a ouvertes, juste avant la messe de minuit. Avec son vieux plumeau, elle avait épousseté les santons. Les plumes d’oie avaient chatouillé le museau de Caboche, le petit âne gris. Il avait éternué si fort, que tout le coton qui protégeait les santons avait volé partout dans la sacristie.
– Caboche : « atchoum ! atchoum ! Eh bé ! Je m’enrhume ! C’est ce froid ! Ah ! Voilà de la bonne paille bien chaude. »
– Eh là ! Ne prends pas toute la place ! » Rouspéta monsieur le Bœuf.
– Oh eh, y’en a bien assez pour tout les deux et puis, si tu n’avais pas autant mangé pendant que tout le monde dormait dans l’armoire, y’aurait un peu plus de place. Je me comprends… »
– “Co… co… comment ! ?” s’étrangla monsieur le Bœuf. « Tu as de la chance que ce soir, c’est Noël ! Sinon, je ne sais pas ce que je te ferais. »
– « Allez va, tu sais bien que je plaisante. Soyons sages ; ils vont arriver. »
Ce long bavardage de monsieur le Bœuf et de Caboche avait à peine étouffé un petit air de flûte venant de la nuit profonde. C’était les bergers qui s’étaient mis en route, précédés par un angelot joufflu ouvrant le chemin.
Quelle farandole !
(Air de flûte)
– « Eh là, eh là ! Doucement ! On ne va plus contenir ici », grommela monsieur le Bœuf. Mais en voyant l’angelot si beau, si plein de gentillesse, il devint tout doux comme le petit agneau que portait un berger sur ses épaules.
– « Je vous annonce une grande joie. » déclara solennellement l’angelot. « Aujourd’hui va naître le Sauveur. »
C’est alors que toutes les cloches de toutes les églises du monde se mirent à sonner si fort que même ceux qui dormaient déjà en furent tout réveillés !
(Cloches)
-« Chaque année, ça me fait la même chose. » dit Caboche un sanglot dans la voix. « Je le sais ce qu’il va nous annoncer le petit ange venu du ciel, mais je ne peux pas m’en empêcher ; ça me met les larmes aux oeils ! »
– « Allez, tais toi un peu ! tu vas me faire pleurer à moi aussi. » dit monsieur le bœuf, écrasant sur sa joue une grosse larme de crocodile.Les bergers se placèrent bien comme il faut et l’angelot, juste au dessus de tout le monde, non pas pour se faire remarquer, mais simplement pour dire que quelque chose de pas ordinaire allait se passer.
C’est alors qu’on les aperçut tous les deux. Saint Joseph d’abord, devant, pour protéger une frêle et si belle jeune-fille, son épouse, Marie., Lentement, ils avançaient sur le chemin Joseph avec sa longue barbe et son manteau de charpentier, Marie vêtue de bleu comme le ciel. Ils se placèrent, sans rien dire. Et tous se taisaient. Monsieur le bœuf se poussa un peu et Caboche, lui aussi, fit une petite place. Même l’angelot cessa de chanter. Le silence…beau comme un concert de musique classique ! Un silence habité de tant de paix, de tant d’amour ! Le monde entier se tait. Même le ciel avec ses légions d’anges et sa foule de bienheureux, était penché sur la petite étable de Bethléem. L’univers entier se tait, il attend, il espère. Et comme chaque année, il est né ! C’est monsieur le curé qui l’a porté, délicatement, le petit Jésus Il l’a déposé au milieu de la crèche, sous le regard émerveillé de Marie et Joseph. Même le Bon Dieu, qui ne manque jamais un seul Noël, ne peut s’empêcher de verser de grosses larmes, tellement il est heureux. Les bergers se sont agenouillés, les mains jointes, l’âne et le bœuf ont cessé de se disputer et le monde entier s’est arrêté, penché sur ce petit être si fragile.
Le Bon Dieu, il fait toujours bien les choses ; il nous a envoyé son petit pour nous dire qu’il nous aime tellement ! Ce petit, c’est même le Bon Dieu lui-même, en personne ! Le Bon Dieu qui s’est fait petit ! C’est compliqué à comprendre mais c’est si beau !
« Compliqué ! Compliqué ! Mais qu’est ce qui raconte ce grand nigaud ! », cria Monsieur le bœuf. « Voilà qui recommence à s’écarter du sujet. C’est compliqué pour les gens compliqués. Mais pas pour les petits ! Demande-leur aux bergers si c’est compliqué ! »
Les bergers :
« Oh non ! Le Bon Dieu, il nous aime tellement qu’il est venu chez nous, il est devenu l’un de nous. Du haut du ciel, il n’en pouvait plus de nous voir nous déchirer, nous battre, nous faire la guerre. Alors, il n’a pas trouvé d’autre solution que de venir nous chercher pour nous sauver. C’est pas compliqué çà : c’est l’amour !,
C’est vrai, ils ont raison les bergers.
CHANT
Marie et Joseph sont les seuls à ne pas avoir parlé. Ils ne parlent pas, non ; ils prient. Ils prient le petit pour tous les habitants de la terre, pour que cette nuit ne soit pas comme les autres. Ils prient pour vous, pour nous, pour nos enfants, nos parents, pour tout le monde. C’est ça aussi l’amour. Non, finalement, c’est pas compliqué.
Et voilà ! C’est l’histoire des santons. Et si chaque année, à la nuit de Noël, depuis des siècles, on les sort de la grande armoire, c’est pour qu’ils nous racontent cette merveilleuse histoire.
« Une histoire ! Une histoire ! Comment ça une histoire ?! Mais c’est la pure et franche réalité. C’est vrai qu’on est des plâtres peints mais si on est là, Monsieur le raconteur, c’est parce qu’il est né, lui, le petit Jésus. Et ça, c’est pas une histoire ! Non monsieur ; c’est l’Histoire ! »
Il a raison Monsieur le Bœuf. C’est l’histoire de Dieu, c’est l’histoire des hommes. C’est l’histoire de Dieu chez les hommes. Bon ! C’est merveilleux tout ça, mais il faut quand même s’arrêter. Allez ! On ne bouge plus. On prend la pose, attention, voilà !Ils vont rester là, nos santons en plâtre peint, quelques jours encore puis madame Ernestine, la sacristine, les remettra dans la grande armoire. Ils dormiront, sagement jusqu’à l’année prochaine, dans la paille et le coton. Et jusqu’à la fin des temps, ils seront là, les petits santons pour nous redire qu’il y a longtemps, un petit est venu au monde, un petit qui a changé le monde et qui veut changer nos cœurs si chacun de nous, on sait l’accueillir et lui faire toute la place.
« Il y a longtemps ! Il y a longtemps ! Non monsieur ! C’est pas ‘il y a longtemps’ c’est aujourd’hui ! Allez ! Joyeux Noël à tous ; gloire à notre Dieu et paix sur la terre aux bonnes gens qui l’aiment ! »
Gloria !
…
par Père Stéphane Ayouaz
merci de ce beau bijou, que Dieu vous bénisse mt